mardi 11 mars 2014

Le Printemps...

J'aime quand le printemps s'étire paresseusement avant de sortir de son long sommeil...



lundi 10 mars 2014

La recette du bonheur






Un ballon. Un jardin. Le soleil. Un chien.

Et d'un coup, la vie est belle.

vendredi 8 novembre 2013

Quand je serai grande...

         J'ai 6 ou 7 ans, environ. Je suis à l'école primaire et parfois, je rechigne un peu à faire mes devoirs. Ma mère me dit « si tu ne travailles pas bien à l'école, quand tu seras grande, tu torcheras le cul des vieux. » Amusant quand on sait que la plupart des parents menacent de devenir caissière ou éboueur. Moi je rêve de faire ces métiers, alors ma mère se tourne vers le crade, et le caca, je ne supporte pas, c'est mon petit côté précieuse. Je me dis que « torcher le cul des vieux » est le pire des métiers, je ne veux surtout pas faire ça, je m'applique bien à l'école. Ma mère, quand à elle, effectue régulièrement des prélèvements « dans le cul des vieux ».

         On me dit que j'ai de la chance d'être née ici et maintenant. Qu'ailleurs, les petites filles ne peuvent pas aller à l'école. Qu'avant, les femmes ne pouvaient pas travailler et devaient rester à la maison. Je ne trouve pas que j'ai de la chance, je les envie, moi aussi j'aimerai bien ne pas aller à l'école ou rester à la maison. J'ai des idées d'enfants sur ce qu'est la vie, je trouve qu'elle serait plus facile autrement, je ne vois pas trop l'intérêt d'avoir des droits. Mais je m'applique quand même pour ne pas « torcher le cul des vieux ».

         J'ai 8 ans, je rencontre mon premier « vieux » qui a besoin « qu'on lui torche le cul ». Je suis en vacances chez la mère de ma belle mère, la femme de mon père. Dans cette maison, il y a ma « grand mère », et ses parents. L'arrière grand mère est gentille, elle nous fait des gâteaux et nous donne des bonbons en cachette. L'arrière grand père est un peu bizarre, il perd la tête, mais il nous fait rire : quand on mange de la soupe, il fait exprès de laisser tomber son dentier dedans. Ça éclabousse toute la table, on éclate de rire, il se fait engueuler.

         J'ai 9 ans, et l'arrière grand père est vraiment vieux maintenant. L'arrière grand mère est morte, laissant un grand vide dans la maison. Lui, il ne parle plus, ne marche plus. Il porte des couches et il sent mauvais. Il est toujours attaché au canapé, sinon il tombe. J'ai peur de lui, je suis une enfant, je ne me rends même pas compte que je lui fais de la peine. Un jour, je regarde la télé, il se réveille et tends sa main vers moi en balbutiant des choses que je ne comprends pas. Je suis terrorisée, je vais chercher ma grand mère. Il voulait juste un verre d'eau.

         Tout les jours, une dame très gentille vient, et aide ma grand mère à le laver, à le coiffer, à le raser. Elles passent beaucoup de temps avec lui, il sent bon quand elles le sortent de la salle de bain, mais il me fait toujours aussi peur. Je le dis à la dame. Elle sourit et me dit que surtout je ne dois jamais oublier qu'il m'aime beaucoup. Je n'y crois pas trop et j'espère qu'il ne sera plus là l'an prochain.

         J'ai 10 ans, mon souhait a été exaucé, mais je ne me rends pas vraiment compte de ce que cela implique.

         J'ai 16 ans, on doit me retirer mes dents de sagesse, je suis hospitalisée. Ma mère m'a fait peur, elle était très angoissée en me laissant, je suis angoissée aussi sans trop savoir pourquoi. J'ai peur de ne jamais me réveiller. On m'emmène dans le bloc, je ne vois le visage de personne, on me dit qu'on va me faire une piqûre qui va m'endormir, on me pique, je ne dors pas, je fonds en larmes et je crie « ne m'opérez pas, ne m'opérez pas, je ne dors pas. » Une dame ris à côté de moi, elle est infirmière elle me dit, et c'est normal que je ne dorme pas, je n'ai pas reçu le produit. Elle me fait compter de 10 à 1, je compte, 10, 9, 8, 7, je ne me souviens plus de rien, je suis partie. Je me réveille dans ma chambre, d'autres infirmières sont là, elles me donnent de la glace, de la crème dessert, elles ont toujours un mot gentil, je les aime bien. Je pars en ayant toujours aussi peur des hôpitaux, mais en aimant bien les infirmières.

         J'ai 19 ans, je passe de nouveau sur la table d'opération. De nouveau, la crise d'angoisse. Le brancardier me fait rire, me taquine en m'amenant au bloc, « alors, quelle jambe on va t'enlever ? » Je ris jaune mais il me détend. Au bloc, les infirmières une fois de plus, me rassurent et m'aident à partir ailleurs. Je me réveille paniquée, je pleure, je ne sais pas pourquoi, je m'excuse sans arrêt parce que je pleure sans comprendre pourquoi, une infirmière me rassure, toute mon angoisse sort par de grosses larmes, mais je vais mieux. Dans le service, je me réveille en plein milieu de la nuit, je m'ennuie, j'appuie sur la sonnette, une infirmière vient jouer aux cartes avec moi pendant une heure pour m'occuper, je me rendors. En partant, j'ai toujours aussi peur des hôpitaux, mais je trouve qu'infirmière, c'est vraiment un métier génial.

         J'ai 20 ans, j'ai raté ma licence, je ne sais plus trop vers quoi me tourner. Je m'inscris à la prépa pour le concours d'infirmière. Je passe trois concours, les écrits, les oraux. J'attends les résultats. Je suis première à l'un, 23eme à l'autre, recalée au dernier. Je pars pour trois ans d'études, avec mes belles idées sur le métier. Je vais sauver le monde. J'adore mon premier stage, je suis à ma place. Mon deuxième stage est gâché par une équipe qui ne me reconnaît pas en temps que professionnelle. J'hésite. Je ne sais pas si je veux continuer.

         J'ai 22 ans, je suis revenue finalement. Mon troisième stage est vraiment super, j'apprends énormément de choses. Mon quatrième stage est une consécration. Je fais le plus beau métier du monde. Je suis embauchée pour l'été. Je noue une relation particulière avec chacun des patients, ils se sentent en confiance avec moi, nous discutons, je passe d'excellents moments. Je deviens active dans la protection animale. Je navigue entre deux mondes, j'adore les gens, je les soigne, je suis utile, j'apporte quelque chose. Je hais les gens, leur impact sur le monde, ce qu'ils font aux animaux.

         Eté 2013. Je récupère trois chiots qui vont être tués par une personne mauvaise. Je passe mon été entre le boulot auprès de mes patients, les biberons à donner toutes les deux heures de jour comme de nuit. Mes parents se séparent et je suis présente pour les deux. Je m'oublie un peu. Beaucoup. Je vis pour les autres et on me remercie pour ça, mais je suis fatiguée. Je ne sais plus trop si j'ai envie de vivre toute ma vie comme ça.

         J'ai 23 ans, j'arrive en stage au bloc opératoire. J'ai peur, mais j'ai voulu me dépasser, j'ai choisi un stage aux antipodes de mes projets professionnels. On me fait des reproches, je ne suis pas ce qu'ils attendent. J'ai peur de rater, de ne pas être appréciée, de vivre un deuxième stage difficile. On me dit de suivre mes valeurs professionnelles. Je me repositionne. Je me questionne sur mes valeurs professionnelles. Je les ai un peu oubliées, je me suis oubliée, je suis devenue ce que l'on attend de moi en oubliant, au final, ce qui m'a mené à me diriger vers ces études.

         Je repense au grand père, à ce que j'ai pensé à l'époque, à ce que je pense maintenant. Je repense à ces moments où j'ai eu besoin d'être aidée, soutenue, entourée. Je repense à mes qualités, que l'on m'a demandé de nommer aux concours. Écoute, Respect, Professionnalisme, Perfectionnisme. Je suis là parce que je veux apporter quelque chose, parce que je pense que l'altruisme est une valeur essentielle à la vie de chacun. Je me retrouve. Dans ce stage si loin de ce que je veux faire de ma vie, je retrouve la vraie raison de ma démarche professionnelle. Je m'améliore. On me complimente. Je me sens bien.

         Quand je termine le stage, je pars les larmes aux yeux, j'ai retrouvé ce que je veux faire pour le reste de ma vie. J'ai 23 ans, j'ai bien travaillé à l'école, et « je torche le cul des vieux » en étant ravie de ce que je fais.

samedi 29 décembre 2012

Lui

Aujourd'hui, j'ai besoin d'exorciser, besoin de parler un peu. Ça sera donc un peu long, mais puisque j'arrive à le faire, c'est que j'ai déjà bien avancé.

Lui.

Lui, c'est une maladie. Ce n'est pas une maladie habituelle, où on fait toutes sortes de tests et où finalement, un jour, un médecin dira qu'on est guérit. Ce n'est pas non plus une maladie qui détruit physiquement. Non, lui, c'est un monstre tapit au fond de soi, et qui dort.

Il dort sans cesse. Il est toujours là, bien enfoui, bien au fond, mais il dort. De temps en temps, il ouvre un œil, juste le temps de dire un mot, une phrase, le temps d'une seconde, et il se rendort avant qu'on s'en aperçoive. Dans ces moments là, ma foi, il n'est pas bien encombrant. On sait qu'il est là, tout bêtement, et il tient compagnie en quelque sorte. On ne s'en préoccupe pas, on l'oublie un peu. Mais lui n'oublie pas, lui ne part jamais.

Et un jour, comme ça, il se réveille. Quelque chose fait du bruit là au fond, et il se réveille. Oh, bien sûr, au début, il n'est pas en forme... Alors il s'étire de tout son long, il se frotte les yeux, et on commence à l'entendre rire, là, au fond. Mais bon, ce n'est pas bien grave, il est là, on le sait. Et puis à force, on a l'habitude, on l'ignore gentiment, on rit quand il parle, on ne l'écoute pas. A quoi bon, après tout. On sait très bien ce qu'il va dire, et puis on en a rien à faire. Cela ne nous intéresse pas. D'ailleurs, tout est faux, et on est bien mieux à ne pas écouter.

Mais lui, il ne lâche pas prise. Il est réveillé et il veut qu'on l'écoute. Alors il parle, il parle de plus en plus fort, et il rit, et on arrive plus à l'ignorer. Pourtant au départ, c'est facile, il suffit de bien s'entourer de gens, d'amis, qui parlent plus fort que lui. Mais il attend, il attend d'être seul avec nous, et alors il se remet à parler. Et dès qu'on est plus seul on oublie ce qu'il a dit. Et on essaie de se ressaisir aussi, parce qu'on sait qu'on ne doit pas y attacher d'importance. Mais petit à petit, sans s'en rendre compte, on l'écoute. Petit à petit, on finit par penser comme lui, de plus en plus souvent. Et puis on s'affaiblit.

Il parle quand on est seul, alors il parle la nuit. Alors on ne dort plus. On essaie pourtant, tant bien que mal, mais non, quelque chose bloque et on ne peut plus s'endormir. Alors on se retrouve à deux heures du matin devant un écran, à écrire tout ça. Mais on ne dort plus. On dort la journée, quand il y a du bruit, du vrai bruit, et que ça l'empêche de parler. Mais il fatigue, il fatigue tellement... Et il coupe de tout. De tout ce qu'on aime.

Plus question de dessiner, on arrive plus à tenir un crayon. Plus question de lire, on arrive pas à se concentrer sur quelque chose plus de deux minutes. Plus question de jouer, tout nous ennuie. Et en tous les cas, pas question de réviser, puisqu'on ne peut plus se calmer cinq minutes le temps de regarder un livre. Et puis petit à petit, plus question de se lever... Pourquoi faire ? On a rien envie de faire de toutes façons. Et puis plus question de manger, pour ça il faudrait se lever.

Et comme ça, de fil en aiguille, on se rend compte que... Qu'on a oublié de manger, aujourd'hui. Qu'on ne s'est pas douché, non plus, puisqu'on est pas sorti du lit. Que les volets sont fermés depuis un moment maintenant, puisqu'on dort le jour. Et on se rend compte qu'on a vu personne, ces derniers temps. D'ailleurs, à quand remonte la dernière fois qu'on a souri ? Quand a-t-on vu quelqu'un la dernière fois ?

Et les gens, les amis, se posent les mêmes questions. Ils appellent, ils viennent voir, mais tout va bien ! Et puis on ne veut pas les inquiéter, à quoi ça servirait ? De toutes façons, physiquement, on a rien, on va bien. Alors on sourit, mais ce n'est plus qu'une façade. Et on continue de l'entendre, lui. Il a pris bien de la place ces derniers temps. Il nous a isolé, il peut parler librement, on entend plus que lui. Même entouré, on l'entend à présent.

Il répète toujours les mêmes choses. On est pas aimé. C'est vrai, personne ne se rend compte de notre état, personne ne voit qu'on a changé, personne ne fait rien. On est pas doué. Ça aussi c'est vrai, tout ce qui nous plaisait, tout ce à quoi on prenait du plaisir, ça ne nous intéresse plus, et on arrive plus à rien. On est moche. Vu qu'on ne sort plus du lit, qu'on ne prend plus soin de soi, on ne ressemble plus à rien. Et enfin... Pourquoi être encore là demain...

Et là, on y arrive. Ces mots, ces mots qu'on va entendre, encore et encore, son but en fait. C'est à ça qu'il voulait arriver, depuis le départ. Pourquoi rester ? Pourquoi s'accrocher ? Pourquoi tenir ? Au point où on en est, est ce qu'on aimerait pas que les choses s'arrêtent ? Que les choses se calment ? Puisqu'on voudrait ne plus penser à rien, et dormir et dormir encore, alors pourquoi se forcer ? Autant se laisser aller, autant finir, maintenant... Il sera bien temps de penser à la suite plus tard.



Heureusement, heureusement pour moi, je suis bien entourée. J'ai des gens qui connaissent cette maladie, des gens qui surveillent ma santé. Et des gens qui sont là pour m'épauler là dedans. Des gens qui m'encouragent à reprendre mon traitement, même si cela signifie clairement accepter que oui, je suis malade. Et ce n'est pas drôle tous les jours, et on aimerait bien l'oublier, de temps en temps. Mais il revient toujours, et il faut savoir le repérer.

Alors je l'endors. Je l'endors à coup de cachets. Il n'y a que ça qui marche, que ça qui le fait taire. Et petit à petit, au fil de jours, il baille, il s'affaiblit, il se rendort. De temps en temps, il ouvre un œil, juste le temps de dire un mot, une phrase, le temps d'une seconde, et il se rendort avant qu'on s'en aperçoive. Mais j'ai arrêté de l'écouter. Plus tard, quand il sera bien endormi, j'arrêterai le traitement, je le laisserai dormir tout seul, là bien au fond, jusqu'à son prochain réveil.

lundi 24 septembre 2012

La Grotte de Choranche




Voila, je voulais vous faire découvrir la grotte de Choranche, dans le Vercors. C'est une cavité immense et magnifique (encore en exploration) et on peut en visiter une partie. La montagne très calcaire et la grotte au plafond plat font de magnifiques stalactites, blanches et creuses, très solides. Elles sont également très fines (elles paraissent minuscules mais ont plus de 500 ans !)

Je vous mets quelques photos (le flash est interdit pour éviter la photosynthèse, ce qui détruirait les stalactites, à cause du lychen qui se formerait.)









Le calcaire parait très luisant.


Les différentes couches forment un paysage magnifique.


On voit des vitres sur le côté, devant les stalactites. En fait c'est pour les protéger, car elles sont tellement fines que rien qu'un souffle chaud en leur direction pourraient les casser.


Une vue en profondeur.






Quand on monte un peu dans la grotte, on voit la rivière en cascade.




L'eau prend sa source plus haut dans la montagne, mais on ne peut pas aller plus loin, seuls les spéléologues expérimentés peuvent s'y aventurer, parce que l'eau peut monter de plus d'un mètre en 15 minutes en cas de mauvais temps, il y a donc eu des noyades.

Eeeeet... Mon chouchou !


Le Protée ! Cet adorable petit "lézard" cavernicole et aquatique est aveugle, du fait de son lieu de vie. Il a aussi une peau translucide, on dirait un petit dragon, j'adore <3 Ces protées sont nés en captivités, et on été réinstallé dans la grotte où ils se sont très bien adaptés. Les photos sont super dures parce que même la petite lumière rouge qui fait le point sur l'appareil photo peut les bruler, alors bon du coup c'est pas de super qualité... Mais c'est vraiment trop chou :D


Et une petite ballade dans le Vercors, au passage.






J'espère que ça vous aura donné envie de visiter !